15 novembre 2015 / 14 h 28 / À propos du texte attibué au NYT

Cactus - Thislexik

France embodies everything religious zealots everywhere hate: enjoyment of life here on earth in a myriad little ways: a fragrant cup of coffee and buttery croissant in the morning, beautiful women in short dresses smiling freely on the street, the smell of warm bread, a bottle of wine shared with friends, a dab of perfume, children paying in the Luxembourg Gardens, the right not to believe in any god, not to worry about calories, to flirt and smoke and enjoy sex outside of marriage, to take vacations, to read any book you want, to go to school for free, to play, to laugh, to argue, to make fun of prelates and politicians alike, to leave worrying about the afterlife to the dead. No country does life on earth better than the French.

La première fois que j’ai vu la capture d’écran attribuée au New York Times passer sur Facebook, je me suis dit que je bloguerais bien ce texte. Même s’il est un peu mièvre ; on a besoin de chaleur et d’humanité ces temps-ci. Alors, j’ai cherché sa source pour pouvoir le lier et donner le nom de son auteur, comme je fais systématiquement quand je blogue.

Étonnamment, une recherche verbatim Google avec des mots clefs comme “France religious zealots Luxembourg perfume” ne donnait pratiquement aucun résultat, et assurément aucun de pertinent. J’ai alors essayé avec le moteur du site du New York Times, qui est généralement efficace. Zéro résultat. Je suspectais alors un “fake”. Pour aller au bout, je faisais une recherche TinEye sur le fichier de l’image, et toujours rien. Relisant le texte, j’ai vu la faute “Children paying”, ce qui est impensable dans un texte publié par le NYT. J’abandonnai alors mon idée de publier ce texte aux origines douteuses.

Un peu plus tard, je voyais dans mon fil Twitter plusieurs journalistes se poser la question de l’origine de ce texte, parmi lesquels Matteu Maestracci de Radio France, Benoît Gallerey de LCI, Cécile Dehesdin de BuzzFeed, Johan Hufnagel de Libération, Samuel Laurent du Monde, etc. Personne ne trouvait la réponse. C’est alors que j’ai repensé au problème et que j’ai eu le déclic : s’il y avait une faute grossière et que ce n’était pas trouvable avec les outils normaux, ce pourrait être possiblement un commentaire sur le site du NYT (ceux-ci, chargés via Ajax, ne sont pas indexés par les moteurs de recherche), l’info sur la source n’étant par nécessairement vraiment fausse, et encore moins malveillante.

Problème, le site du NYT reçoit une masse gigantesque de commentaires et il n’y a pas de recherche qui leur est dédiée. Avec un peu de chance, je trouvais le commentaire de Blackpoodles de Santa Barbara, aidé par le fait qu’il avait été choisi comme “Editorial Pick”. Bingo !

J’avertis les journalistes en question. J’étais immédiatement recontacté par plusieurs qui m’ont demandé l’URL précise, dont Pierre Breteau des Décodeurs au Monde, mais c’est Slate.fr qui grilla tous ses concurrents en publiant en premier.

Voilà, comme quoi il faut rester vigilant et avoir un peu de curiosité quand on croise une info sur les réseaux sociaux.

(Libération, qui a publié après ses confrères Slate.fr, Le Monde, Buzzfeed, etc. n’a pas eu, semble-t-il, la courtoisie de citer sa source, mais ce n’est pas grave. Ou bien quelqu’un chez eux a fait le même cheminement, ce n’est pas impossible.)

  • 1. Le 15 novembre 2015,
    Otir

    C’est avec @Embruns que j’ai appris à me servir du net… c’était en 2004.

  • 2. Le 15 novembre 2015,
    Laurent Gloaguen

    :-)

  • 3. Le 15 novembre 2015,
    barijaona

    Extrêmement bien vu, capitaine !